samedi 14 août 2010

La ville basse (下町)

Aujourd'hui visite du musée "Shitamachi", c'est-à-dire le musée de la ville basse.
A l'origine le terme shita-machi désignait une partie de la ville d'Edo (nom de Tokyo jusqu'en 1868) où vivaient les marchands, les artisans et tous ceux qui ne faisaient pas partie de la classe dominante des guerriers. Appelée ainsi car située sur les basses-terres au sud-est du château d'Edo, elle s'opposait à la partie située en hauteur au nord-ouest du château et où résidaient la noblesse militaire qui détenait le pouvoir politique à l'époque. Un style de vie unique s'est développé dans ces quartiers densément peuplés et imprègne encore aujourd'hui la vie des habitants de Tokyo.

Shitamachi à l'époque d'Edo (17e - 19e siècle) c'était d'abord de longues maisons en bois divisées en plusieurs appartements séparés par une simple cloison. Chaque maison était séparée d'une mince ruelle (de 1 à 3 mètres de large) où on étendait le linge, évacuait les eaux usées, laissait pousser toutes sortes de plantes vertes en pot et où les enfants jouaient. Cette promiscuité faisait que tout le monde se connaissait mais invitait aussi à faire attention de ne pas gêner ses voisins.

Chaque appartement était divisé en deux pièces: une cuisine et un pièce à tatami. Dans la cuisine on faisait tout assis: préparer le repas ou faire la vaisselle. La pièce à tatami était à la fois une pièce à vivre et une chambre à coucher. On y prenait les repas et le soir on pliait la table basse pour y dérouler les futons (matelas). On se chauffait au charbon de bois et l'eau était tirée d'un puits commun.

A l'époque il n'y avait pas l'air conditionné mais il existait toutes sortes de moyens pour se protéger de la chaleur. On pouvait mettre des paravents en bambou devant la porte d'entrée pour faire de l'ombre, arroser les ruelles entre les maisons avec de l'eau ou encore accrocher des petites clochettes devant l'entrée afin de donner une sensation de fraîcheur.

L'hiver on se réchauffait en mettant ses jambes sous une table basse sous laquelle on glissait un réchaud à charbon et recouverte d'une couette. Aujourd'hui encore les Japonais adorent se réchauffer ainsi (même si on est passé au réchaud électrique).

Ces habitations étant en bois et les unes contre les autres, les quartiers de shitamachi ont beaucoup souffert lors du grand tremblement de terre de Tokyo de 1923 et encore plus à la fin de la deuxième guerre mondiale sous les bombardements américains.

Aujourd'hui ces quartiers sont facilement reconnaissables par leur organisation un peu chaotique. Les maisons en bois ont pratiquement dipsarues et ont été remplacées par des constructions plus solides mais les petites ruelles sont toujours là. Les habitudes n'ont pas changé : on arrose (abondamment) les trottoirs, le son des clochettes se fait entendre dès qu'il y a un souffle de vent, les plantes vertes envahissent les devantures des maisons, les ruelles sont partagées entre voisins pour étendre son linge, ranger vélos ou scooters...

Ruelle et maisons en bois du musée Shitamachi


Ruelle à Tokyo aujourd'hui



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